Le jeune homme né d'une estampe

[Premier post]

L'estampe se sentait heureuse; enfin, elle se trouvait entre les mains de celui qui venait la voir tous les jours depuis des semaines. En effet, le marchand qui la détenait le lui avait cédé gratuitement et le morceau de papier lui en était reconnaissant. Le jeune homme qui était représenté dessus plongeait ses yeux carmin dans le regard d'onyx de l'humain. S'il avait eu un cœur -mais il n'était que papier et encre-, c'était certain qu'il battrait la chamade comme celui d'un être amoureux. Le jeune homme de l'estampe voulait avancer une main et caresser la joue de cet homme à l'air soucieux, afin de soulager ses pensées, peut-être... et, sans qu'il ne s'en rende compte, il était bel et bien en train de le faire.

Rêvait-il éveillé ou avait-il vraiment sorti un bras de son univers de papier de riz? Le jeune homme, stupéfait, se rendit compte alors qu'il pouvait sortir le deuxième bras et même une jambe... et avant que l'humain n'ait eu le temps de cligner deux fois des paupières, le samurai se trouvait debout devant lui, l'air stupéfait. Que s'était-il donc passé? Que faisait-il là?

Le jeune homme aux yeux carmins regarda ses mains désormais belles et bien réelles... comment cela était-il possible?

[premier post]

On pouvait croire à une mauvaise farce des démons. Shiki restait de marbre alors qu’au contraire, l’estampe devant lui s’agitait. Le jeune et beau samouraï qui en sortit, semblait lui-même étonné de ce phénomène.
Avec des gestes calmes, l’historien se releva. Il observa encore une fois le garçon de l’estampe, sans aucun geste brusque. Comme si le moindre souffle de vent pouvait le faire partir en fumée.

Il était jeune sans pour autant paraître enfantin malgré sa frange. Fort, sûrement, c’était un samouraï après tout. Lentement, toujours avec calme et douceur, Shiki étendit la main. Elle alla se poser sur la joue de l’apparition. Sans se défaire de ses gestes tendres, l’homme attira son cadet contre lui, dans une étreinte presque timide. Il pouvait sentir la chaleur qui dégageait le jeune corps tout contre le sien.
Le regard de l’homme se voila tandis qu’il ne put s’empêcher de murmurer :

« Es-tu bien réel ? »

Le jeune samurai en était encore à se demander quel était ce prodige quand l'homme posa la main sur sa joue doucement, l'observant, avant de le prendre dans ses bras avec une tendresse maladroite et timide... Le jeune homme de l'estampe put alors sentir la chaleur de ces bras autour de lui et sourit doucement. Tout cela semblait bien réel pour un rêve, ne put-il s'empêcher de constater quand il passa lui-même ses bras autour du buste de l'humain, accrochant ses doigts dans le tissu de ses vêtements. Puis, l'homme se mit à murmurer une question... et sa voix lui paraissait si réelle et à la fois si improbable que le jeune guerrier ne sut ce qu'il devait répondre... néanmoins, il entrouvrit les lèvres, laissant échapper un léger souffle, puis un petit bruit, une bribe de réponse. C'était la première fois qu'il parlait après tout...

"Je... crois bien... je ne sais pas... peut-être?"

Le jeune homme n'était pas certain d'être vraiment là... tout lui semblait si étrange, toutes ces sensations qu'il ne connaissait pas avant: le bruit du vent dans les feuilles, son souffle contre sa peau, la chaleur irradiant de l'autre homme. C'en était presque trop beau pour être vrai.

Shiki se recula alors un peu du jeune homme et, du bout des doigts, lui redessinait les contours du visage. C’était bien de la chair qu’il sentait. Rose, vivante… Aussi douce que celle d’une femme aussi. Il en allait souvent ainsi pour les jeunes hommes.

« Tu es si beau… »

Sa main dériva de la joue jusque au fin tracé du cou. Oui, si beau… Shiki ne pouvait en détacher les yeux. Ce n’était pas comme avant, pas comme si il contemplait l’œuvre d’une main experte sur du papier de riz. Ce n’était pas comme si il admirait une beauté sublimée par le dessin, dont on savait qu’elle était inaccessible et utopique non…
C’était quelqu’un. Quelqu’un qu’il pouvait prendre dans ses bras. Quelqu’un qu’il pouvait embrasser aussi. Oui, embrasser…
Serrer contre soi. Ne pas le lâcher.
Et le tissu qui glisse…
Et les mains qui aiment et caressent
Embrasser…
Ne plus se retenir…

Il pouait sentir la fine main se perdre dans ses cheveux. Shiki essaya de l’imaginer tenant un sabre, bel instrument de mort. Dans les quelques légendes qu’il rapportait dans ses carnets, parfois des voyageurs se faisaient surprendre par des apparitions, le temps d’une nuit, qui disparaissaient quand venait le matin.

« Quel est ton nom ? »

Les personnes avec un nom ne pouvaient s’évanouir. Nom, car il en restait toujours, au moins un souvenir. Oui. Un nom, rien qu’un nom… Et tout en attendant la réponse, l’historien reniflait encore et encore l’odeur de la peau douce de son amant. Comme une félicité continuelle. Juste un nom. Il se souvenait de ses cris, de son visage tordu de plaisir. Et à présent, il contemplait les mêmes traits, apaisés. Oh comme il souhaitait que cette image puisse rester imprimée sur sa rétine !

Le kyourinrin se sentait bien, heureux et en sécurité pour la première fois depuis des lustres. Il ne savait pas grand chose de la vie, après tout, il venait de naître en quelques sortes... mais il savait au moins une chose: il voulait rester avec cet humain. Rester avec cet humain et le servir s'il en était capable, lui être utile. Un doux sourire lui étirait les lèvres à cette idée... mais pourrait-il vraiment rester? Ne serait-il pas rappelé à l'intérieur du monde de l'estampe à nouveau pour ne plus jamais pouvoir en sortir? Puis... il entendit la voix de son amant. Et la constatation faite qu'il ne pouvait pas répondre à une question aussi simple lui pinça le cœur. Il n'avait pas de nom... le vieil homme l'appelait Jinpachi autrefois mais il savait que ce n'était pas son nom à lui, que c'était celui du fils tant aimé qui n'était jamais revenu... lui était un dessin, il n'avait pas de nom à lui...

"Je... je n'ai pas de nom... mais peut-être...."

Le jeune homme s'arrêta au milieu de sa phrase, se sentant bête et perdu. Pouvait-il vraiment demander quelque chose comme cela à cet homme? Il ne le savait pas. Peut-être le prendrait-il mal? Peut-être serait-ce le contraire? Décidant qu'il ne saurait jamais à moins d'essayer, le bakemono finit néanmoins par se décider.

"Peut-être que vous pourriez me donner un nom monsieur..."

Sa voix était empreinte d'espoir. Inconsciemment, il savait que si il avait un nom, il ne risquerait pas de disparaitre complètement de ce monde pour retourner dans l'autre...

Shiki ne répondit rien tout d’abord. Néanmoins, son étreinte se resserra sensiblement autour de son amant, ans pour autant aller jusque à lui faire mal. Lui donner un nom ? Oui, il pourrait… Mais c’était une tâche bien plus ardue qu’il n’y paraissait. Le bon nom, oui il fallait le bon nom. Se redressant sur un coude, il retraça à nouveau des yeux le corps et le visage de son amant.
Un nom.

« …. »

Les illusions d’un soir des contes et légendes, avaient-elles des noms ? On se rappelait de leurs races bien plus que de leur identité propre. Il n’allait quand même pas appeler ce jeune homme Estampe ?!

« ..Yuu…Yuugen… »

Un léger sourire éclaircit son visage tandis qu’il portait ses lèvres au front de son cadet.

« Oui, Yuugen… pour le songe d’une nuit. Ce que tu ne seras jamais… »

Non, pas une utopie, pas un rêve érotique, quelque chose qui durait. Et un nom contradictoire comme pour conjurer le sort.

« Yuugen.. »

"Yuu...gen" Répéta le jeune homme doucement, comme pour le mémoriser à jamais, avant d'offrir un sourire éclatant à son amant.

Il était vraiment heureux d'avoir un nom. Un nom signifiait exister, exister signifiait ne pas disparaitre, rester à ses côtés. Tout à sa joie, le jeune homme attira le visage de son sauveur vers le sien pour l'embrasser. De la reconnaissance, de l'amour. Et il ne savait quoi d'autre encore, son cœur était trop neuf pour pouvoir reconnaitre chaque sentiment qui s'y était déclaré.

"J'aime ce nom, merci..." Susurra Yuugen, frôlant les lèvres de l'autre homme à chaque syllabe, les yeux plongés dans les siens. Il se faisait l'impression d'une goutte dans une mer d'encre, submergé, noyé dans les eaux sombres des iris de son maître.

"Et vous, quel nom puis-je vous donner?" Un nom à chérir à tout jamais, un nom qu'il pourrait répéter encore et encore sans se lasser... un nom à mettre sur ce visage qu'il aimait déjà à l'extrême limite de la folie...

Etait-ce cela que les humains appelaient le coup de foudre?

« Shiki… »

Yuugen avait l’air heureux de son nom. Cela fit sourire l’historien encore plus. Non, il n’allait plus s’évanouir. Un immense sentiment de paix le saisit alors. De paix avec lui-même. Un sentiment qu’il n’avait jamais bien beaucoup eu…

« Etais-tu déjà sorti de ton estampe ? »

L’avait-il vu ? l’avait-il vu l’observer chaque jours, revenir encore et encore dans la minuscule boutique ? Shiki savait manier les mots, mais pas ceux des sentiments. Non, il ne connaissait que ceux qui ne cachaient rien d’autre que leur propre sens, des mots miroirs sans autre définition.
Alors il ne pouvait pas expliquer à Yuugen la passion. Sa passion.

« Que vas-tu faire maintenant ? »

Peut-être que pour le forcer à rester avec lui, l’homme pouvait le bercer d’histoire jusque à ce que le jeune samourai s’endorme ? de sorte qu’il ne puisse lui fausser compagnie de nuit. Mais, était-ce honnête ?

Shiki... Yuugen aimait ce nom, il en était sûr. Mais ce nom pouvait avoir plusieurs significations... comment être réellement sûr de ce qu'il signifiait?

"Avec quels kanjis écrivez-vous votre nom Shiki-sama?"

Yuugen était d'un naturel curieux. Il était de ceux qui voulaient tout savoir sur tout sans savoir pourquoi. En particulier, il voulait tout savoir sur son maitre, tout ce que ce dernier accepterait de lui dire et l'absorber, comme du papier buvard. A la question que lui posa l'historien, l'estampe répondit par la négative. C'était la première fois qu'il sortait du monde de l'estampe; monde totalement différent de celui-ci... une copie du monde de Shiki mais où l'on ne sentait rien, où tout était fictif.

"J'aimerais rester avec vous... si vous le permettez."

Comment pourrait-il penser une seule seconde le quitter de toutes façons? C'était pour lui et uniquement pour lui qu'il était sorti... parce qu'il avait voulu le toucher et le réconforter, il n'y avait donc aucune raison qu'il tente de lui fausser compagnie... Shiki s'en rendait-il compte ou pas?

Shiki répondit d’une voix absente à la question quant aux kanjis de son nom. Il espérait que cette réponse satisferait Yuugen. Pouvait-on être mécontent du nom d’une autre personne ? Cela semblait terriblement absurde à vrai dire. Détester un être ok, détester un nom… Ca en était presque contre-nature !

Le samurai avoua ensuite qu’il voulait rester avec lui. Shiki se sentit sourire doucement. Il n’avait même pas osé espérer une telle réponse, envisager cette éventualité, totalement inconscient du fait que c’était bel et bien pour lui que le jeune gomme était sorti de son univers de papier.
Il tenait la main de son cadet dans la sienne, petite, fine, telle celle d’une femme presque… Avec douceur, l’homme la porta à ses lèvres. Il pouvait presque sentir dessus, le parfum d’une encre ‘un autre temps…
Lui-même se barbouillait parfois souvent les doigts avec son métier, cette odeur lui était donc familière, rassurante, il ne l’échangerait contre aucune fragrance capiteuse au monde. Aucune…

« Reste et tu feras de moi le plus heureux des hommes »

Il eut une pensée fugitive pour la guerre intestine et invisible, ainsi que pour la famine et la misère du pays, enfin d’une moitié du pays pour être exacte… Cela lui parut d’un seul coup bien insignifiant et totalement étranger à ce qu’il était lui-même. Et dire qu’avant, c’était lui qui se considérait comme étranger à tout. Maintenant, il se considérait comme un être à part entière, bien plus qu’une simple fonction. Son monde n’était plus l’écriture ou la retranscription d ‘exploits passé, non. Son monde était à présent tracé dans l’encre d’une estampe et se résumait à ce jeune corps à serre contre lui, à embrasser, à aimer, à admirer.

[proverbe du jour : fluff à 11h, esprit en petit cœur *sort*]

Yuugen sourit doucement à la réponse de son maître. Shiki voulait qu'il reste à ses côtés, jamais il n'aurait cru pouvoir se sentir si heureux d'un seul coup. Le jeune homme de l'estampe poussa un soupir de plénitude et de bonheur, de soulagement peut-être aussi, un petit peu. Le jeune homme se blottit alors dans les bras de l'humain, pensif. Il fallait qu'il se rende utile à son maître; il ne voulait pas être un parasite pour lui...

"Shiki-sama..." Murmura t'il au creux de l'oreille de son amant, les yeux mi-clos. "Je resterai avec vous... et je vous protègerai..."

Une promesse, un serment... oui, il protègerait l'humain coûte que coûte, quoi qu'il puisse arriver. Il le protègerait de tout danger avec son sabre et ses poings aussi s'il le fallait; car il n'admettrait pas qu'il arrive du mal à cet homme qu'il aimait... car oui, il savait qu'il l'aimait. Shiki était son univers à lui... et désormais, sa vie, toute neuve, n'appartiendrait qu'à lui.

"Shiki-sama... Shiki-sama..." Répéta t'il doucement, comme un souffle léger, dans le cou de l'historien.

Shiki devint songeur. Le protéger, lui ? Jusque alors il n’avait pas prêté une grande importance à son existence propre. Ce n’était pas qu’il était suicidaire, non, loin de là, l’historien avait même un instinct de survie assez exacerbé. Juste qu’en fait, il n’avait pas vraiment trouvé de but, jusque à présent, en dehors de son métier.
Ses bras se resserrèrent sensiblement autour de Yuugen tandis que, bercé par la prononciation répétée de son propre nom, Shiki se laissait aller à quelques rêveries.
Vivre, survivre encore et toujours, le sabre de Yuu, l’encre sur le papier…. Peut-être que, jour après jour, à force d’écrire, de regarder tous les évènements, à force d’avoir le jeune homme à ses côtés, qui l’empêche de se lasser, un jour son écriture relatera la mort du yokai tyran ? le début d’une nouvelle ère où les sabres dormiront en paix dans leurs fourreaux….

« Protège-moi, reste avec moi mais ne meurs pas pour moi… »

L’homme se redressa légèrement, gardant son cadet dans ses bras. La peau du plus jeune avait un léger parfum d’encre et de papier. Une odeur rassurante, familière, comme une branche auquel se raccrocher pour ne pas couler. Et Shiki s’accrochait à Yuugen, refusait de le lâcher, craignant encore de le voir disparaître. Cette peur ne pourrait que s’affirmer un peu plus chaque jour dans son esprit. Mais c’était cela qui faisait naître son désir. Désir d’être heureux, à côté de l’autre homme, désir de le voir sourire, désir de lui, aussi, tout simplement…

« Rhabillons nous avant d’attraper la mort… »

Alors que lui-même venait à peine d’attraper la vie. Yuugen était comme un papillon fragile qui s’était posé au creux de sa main. Attention à ne pas lui déchirer les ailes…

Yuugen ferma les yeux quelques instants, comme si tout ce qu'il venait de vivre et d'entendre n'était qu'un rêve qu'il cherchait à retenir... Les bras de Shiki autour de lui, l'odeur de sa peau, tout cela ne devait être qu'un doux rêve... pourvu qu'il dure longtemps, très longtemps.
L'estampe rouvrit ensuite les yeux et s'assit, attrapant d'une main les vêtements de son maitre avant de commencer à le rhabiller. Lui, n'avait pas froid. Inconsciemment, il savait que le froid ne pourrait pas le rendre malade... contrairement à la chaleur qui pourrait le dessécher. Il n'avait que faire de son corps à nu, Shiki passait avant.

Avec des gestes lents et bien calculés, il rhabilla l'historien.

"Ne vous inquiétez pas, je ne crains pas le froid, ce n'est pas grave si je ne me rhabille pas tout de suite."

Un grand sourire innocent décora le visage du kyourinrin. C'était vraiment un beau rêve.
Le jeune homme termina sa tâche et ramassa alors son propre haori pour se rhabiller. Chaque pièce de son habillement, une par une, jusqu'au katana à la ceinture... il n'eut qu'une seule hésitation; quand il fallut fermer le haori: quel pan de la veste passait par-dessus l'autre? Il ne s'était jamais habillé ni rhabillé et n'avait pas fait attention à ses vêtements avant de les enlever...

A sa grande surprise, Yuugen le rhabilla. Shiki ne voulait pas que l’autre se comporte comme un serviteur et songea à l’arrêter, mais l’expression sur le visage de l’estampe lui parût être simplement celle de quelqu’un d’heureux, qui veut simplement aider. L’historien préféra se taire, lui accordant un léger sourire. Et puis, soyons honnête, la sensation des doigt du jeune homme sur lui, lui plaisait bien !

« Ne peux-tu donc pas être malade ? »

Yuugen n’avait pas des airs de garçon à tomber malade au moindre coup de vent. Il avait au contraire une silhouette légèrement musculeuse, bien proportionnée, qui laissait présager la bonne santé de la personne.
L’homme prit les mains du garçon entre les siennes. Qu’est-ce qui donc pouvait bien couler dans ces veines, du sang ? de l’encre ?
Finalement, Shiki laissa le jeune guerrier se rhabiller. Il y avait un temps pour les questions. Avec douceur, l’homme l’aida à fermer son haori, légèrement amusé.

« Partons, maintenant… »

Le jeune homme se laissa volontiers faire quand Shiki l'aida à refermer son haori. Alors c'était dans ce sens; il tâcherait de s'en rappeler à l'avenir, histoire de ne pas toujours buter sur les mêmes choses stupides. Avec un doux sourire, il répondit à la question de l'historien avant de le suivre.

" Non, je ne peux pas tomber malade des mêmes choses que les humains."

Car oui, il savait parfaitement qu'il n'était pas humain; et il venait de l'exprimer à son maître, qui devait probablement s'en douter également. Suivant Shiki à une distance d'un pas, la main à la ceinture, au niveau du katana, il commença à énumérer ce qui, selon lui, pourrait le rendre malade. Ca allait de la pluie au feu en passant par la nourriture humaine. Car Yuugen ne pouvait pas boire ou manger non plus, car il se couvrirait de taches, forcément. L'eau le délaverait jusqu'à ce qu'il devienne monochrome et le feu le détruirait, purement et simplement.

Shiki écouta attentivement tout ce qu’énuméra son jeune compagnon. Non, bien sûr que non Yuugen n’était pas humain, mais et alors ? Il y avait tant de contes et légendes avec des amours entre démons et humains, eu-deux ne faisaient pas dans l’originalité.
L’historien se sentit vaguement inquiet, néanmoins. Son jeune amant souhait être son garde du corps, le protéger des attaques humains et, à la limites, yokais. Mais Yuugen était faible lui-même, d’une certaine manière, et il revenait à Shiki d’assurer sa protection face à des choses qui ne peuvent être que du recours des dieux, telles que le feu, l’eau et tout autre élément….

« Très bien… »

Avec douceur, il voulut prendre la main de l’autre. Mais ce fut le poignet qu’il saisit, fin et fragile, fort et musclé, tout cela à la fois. Une perfection bien palpable qu’il tenait là, Shiki eut un demi-sourire. Lui qui trouvait auparavant tout si terne, on lui offrait ce jeune homme d’encre et de couleur pour compagnon, humour de la destiné ?
Tant de fois il l’avait regardé, presque à s’en arracher les yeux, cette estampe dont personne ne voulait, au point que le vendeur lui en avait même fait cadeau, et maintenant il la possédait, il le possédait comme jamais il n’aurait pu rêver le faire…

« ….merci d’avoir répondu à mon appel »