Quand le Yojimbo dort, les lucioles dansent.

Kuuya stoppa sa longue marche et se permit de regarder les alentours d’un œil calme. Il était venu du nord en longeant la rivière Himetsubaki, sans raison particulière. Il avait juste marché, encore et encore pour tenter d’oublier sa faim croissante et avait peut-être même espéré trouver un quelconque animal sauvage comestible pour le dîner, en vain.

Un soupir lui échappa et son regard se reposa sur le triste paysage qui l’entourait. Ce n’était pas la première fois que le Yojimbo venait ici – il lui était déjà arriver d’y passer pour se rendre chez les Tengu. Et bien que le passage de la forteresse était assez difficile par moment, Kuuya ne s’était pas vraiment donné la peine de s’arrêter au lac Hotarubi jusqu’à maintenant.

Un regard vers le ciel orangé lui indiqua que la nuit tomberait bientôt. S’éloignant de la rive, il alla s’installer contre les abords d’arbres non loin afin de s’asseoir contre l’un d’eux. Alors que ses yeux parcouraient la surface de l’eau, Kuuya se demandait comment le lac avait pu être pollué ainsi, au point de ne plus être potable. Tout à sa réflexion, il admira le spectacle du coucher de soleil que lui offrait le ciel, puis, un peu plus tard, une fois que le rond de lumière eut totalement disparu, le réveil des lucioles.

La danse de ses petites lueurs dans la nuit le rendit rapidement somnolent, et se fut avec un léger bâillement que Kuuya ferma les yeux pour se reposer, tout en gardant une main solide sur le fourreau de son Katana, car il n’était pas assez insouciant pour ne pas penser à se défendre si besoin était.

[Libre]

(Porte louve sud / Ruines / Quand un Akuma s'ennuie. )

Oh b...

Avant qu'il ait pu finir de jurer tout ce qu'il savait (et là, il en savait, que ce soit en chinois ou pas) Jiao-Long était réapparut.

Il cligna des yeux. Rien n'avait changé dans sa propre condition, par contre il faisait nuit d'un coup et le décor était complètement différent. Et lui rappelait quelque chose en prime.


Ce fut un rocher qui le fit tilter. Un rocher tout bête mais a la forme assez marrante. Mais... il voulait pas dire, mais à la base le coin était beaucoup mais alors beaucoup moins du coté végétation de la force... Ce qui le força à tilter.

On était QUAND ???

Sourcils froncés et d'assez mauvais poil pour le coup, il entreprit d'examiner les lieux, juste pour s'assurer que c'était bien là et c'était bien ça. Aucune erreur possible. Il finit par déboucher un peu plus prêt de la rive et surtout à quelques mètres d'une silhouette endormi. Il s'en rapprocha d'un pas tranquille, remarquant tout les petits détails qui lui apprenaient que l'homme était un guerrier.

Quel dommage qu'il ne puisse plus se battre ! Quelque chose lui disait que ça aurait été intéressant !


Il éleva la voix, narquois.

-"Navré de vous importuer Noble Voyageur mais j'aurais une petite question, voir plus, à vous poser....

Kuuya se sentait partir dans cet endroit si singulier : celui entre le rêve et l’éveil quand une présence apparut dans son champs de perception. Il retenu à peine son froncement de sourcils. Comment une aura pouvait elle apparaitre si soudainement ? Surement un bakemono, pensa-t-il après une légère réflexion. La prise sur son fourreau se fit imperceptiblement plus ferme tandis que le reste de son corps, lui, restait d’une détente étonnante. Après tout, dans cette position, s’il voulait pouvoir attaquer, il aurait besoin d’être aussi souple que possible. La présence ne semblait pas offensive, mais elle dégageait assez d’hostilité pour le devenir, ça Kuuya le sentit très bien.

Il dut avouer que la phrase le pris un peu de court, bien que cela ne fut pas visible. Et sans pour autant ouvrir les yeux, il répondit d’une voix calme et sympathique :

"Je ne pense pas être assez noble pour en être qualifié. Cependant les bonnes manières m’ont enseigné à toujours me présenter avant de demander quelque chose, surtout à un inconnu."

Ses paupières se soulevèrent lentement, laissant apparaître des prunelles noires à la lueur légèrement amusée. Il détailla fugacement son vis-à-vis et sourit d’un air accueillant, la main toujours serrée sur son fourreau.

"En quoi mes humbles connaissances peuvent-ils vous aidez ? Je ferais de mon mieux pour répondre à votre, ou vos questions." Demanda-t-il, à l’écoute.

Magnifique... un monstre de la politesse ! Du genre qui lui donnait envie de vomir...

Jiao-Long ne réprima qu'à moitié son grand sourire narquois et s'accroupit devant l'inconnu dans une posture sur de lui.

-"J'y connais rien en bonne manière ! Je suis Jiao, même si ce nom ne te dira surement rien de toute manière !"

Il vérifia une dernière fois les alentours mais doutait de moins en moins de s'être trompé.

-"C'est bien la rive Est du dàng, tā mā de wèi suí argh non, lac c'est ça ? Hotarubi ici hein ? Je me trompe pas n'est ce pas ?"

Raaaah il avait encore du mal avec cette fichue langue... Et Kyou qui était jamais là quand on avait besoin de lui !



Chinois :
dàng : lac
tā mā de : merde
wèi suí : raté

Kuuya eut un sourire quand l’être en face de lui s’accroupit et se présenta. Avec un petit hochement de tête, il donna le sien :

"Kuuya Kimihiro, enchanté." Puis il répondit à sa question, toujours aussi calme. "Effectivement, il s’agit bien du lac Hotarubi et vous vous trouvez bien sur la rive est."

Plusieurs lucioles étaient venues se poser de part et d’autre sur le kimono du samouraï qui s’étonnait d’avoir entendu des mots…chinois? Sortirent de la bouche du prénommé Jiao-Long. Sa tête se penchant sur le côté, il laissa la curiosité l’envahir.

"Puis savoir la raison de votre arrivée ici ? J’avoue que je ne m’attendais pas à ce que quelqu’un passe par ici." Expliqua-t-il.
Après tout, qui aurait envie de passer la nuit dans ce paysage chaotique ?

Jiao se contenta d'un long regard vide à l'homme.

A quel moment il lui avait demandé son nom au juste ? Il s'en foutait un peu beaucoup sans vouloir être méchant...

Il refit, une fois de plus, le tour du paysage, notant chaque différence avec celui dont il se souvenait, en même temps, il fit un geste négligent de la main, indiquant le peu d'importance; et de la question, et de la réponse qu'il donnait.

-"Je ne suis pas "passé" je suis "apparu". Bié ! Nuance. "

Quand à la raison de son "apparition, il en avait aucune idée ! Il fronça des sourcils et reporta de nouveau ses yeux sur l'homme en se rendant compte qu'il avait oublié une petite chose.

-"Elle continue ses conneries l'Araignée ?

Il repensa au combat qui les avaient opposé. A la rage du monstre devant un simple humain qui rivalisait, qui arrivait à le toucher !
Le blesser ! Lui qui se croyait invincible !

A tout les points de vue, ça avait été le combat de sa vie ! Celui qui avait causé sa mort !

Kuuya cligna des yeux une fois, deux fois, avant de finalement soupirer doucement. Bon, il semblait que son vis-à-vis ne soit pas spécialement civilisé et encore moins poli... Peut-être était-ce à cause de ses origines ? Après tout, le yôjimbo n'avait jamais rencontré de chinois – si ce bakemono en était bien un – et ne connaissait rien à leurs coutumes…Peut-être était-il naturel de parler ainsi dans ce continent éloigné ?

La question qu'on lui posa coupa son bref cours de pensées. Hum ? Une Araignée ?

"Je ne saurais répondre à cette question." Fit Kuuya d'une voix calme accompagné d'un sourire apaisant qui pouvait aussi paraître sot. "De toutes les fois où je suis passé ici, je n'ai jamais rencontré ce genre d'insecte."

Bien sûr, l'ancien membre du Shogun savait bel et bien que l'être en face de lui ne parlait pas de ces petites bêtes à huit pattes et huit yeux, mais pourquoi le montrer ? Après tout, il ne mentait pas non plus.