Kitoku no Sakebi
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 Goût d'un après-midi...

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Akatsuki

Akatsuki


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MessageSujet: Goût d'un après-midi...   Goût d'un après-midi... Icon_minitimeMer 18 Fév - 19:14

[Premier Post]

L’après-midi était clément, quelques rayons de soleil passaient entre les barreaux de la fenêtre pour venir se déverser sur les tatamis de la pièce, accordant aux objets présents plus d’ombre qu’il ne leur en fallait. La femme releva la tête lentement et se passa une main sur le visage, l’ennui ainsi que l’atmosphère pesante du lieu, auquel elle devrait pourtant être habituée, l’avait poussé à la somnolence sans qu’elle ne s’en rende compte. Un mince rai de lumière poussa jusqu’à ses tabis sans pour autant l’inonder complètement de sa clarté. Akatsuki soupira et remit un peu d’ordre dans les papiers étalés devant elle. Un moine avait accepté de lui trouver de la lecture, sa seule distraction reposait donc en ce récit d’un jeune courtisan, fils bâtard de l’empereur, amoureux de la concubine de celui-ci. D’après les rumeurs, l’histoire ravissait absolument toutes les personnes nobles. Certes, le style était beau mais l’ancienne princesse n’affectionnait pas trop ces sujets sentimentaux avec toutes les petites dindes poudrées de riz qui tombent amoureuse du héro –modèle d’honneur et de courtoisie comme on aimerait en voir plus souvent- au moindre de ses souffles.

Akatsuki se leva soudain, laissant le sang couler à nouveau dans ses membres engourdis. Elle s’avança jusque à la petite fenêtre pour regarder au dehors. Un ciel bleu, de la végétation, le soleil, paysage immuable qui ne changeait qu’en fonction du climat. Avant, elle aurait pu y voir son fils jouer à l’extérieur, avec la fille du haut moine, deux enfants pleins de vie, innocents… Mais chacun des deux avaient grandis. Désormais Ryuu portait le sabre et vagabondait sur les routes sans savoir où lui-même allait –et sa mère se sentait bien incapable de l’aider sur ce point- quant à Tora, la jeune femme devait s’occuper de ses fonctions de miko et avait été fiancée. Oui, le temps est vraiment assassin…

Plus d’enfants pour jouer désormais et même si ce lieu semblait au-delà de tout, les années passaient sans jamais pouvoir être rattrapées. Akatsuki resta ainsi, immobile quelques instants, statue de cire triste et inquiétante. Au fond d’elle-même, la femme sentait que quelque chose n’allait pas, sans pour autant comprendre quoi. Un léger sentiment d’inquiétude dans le fond de sa gorge, mais que pouvait-elle y faire ?
Parce que cette sensation refusait de la quitter, elle décida d’aller marcher un peu. Aussi, ouvrit-elle le paravent pour sortir de la pièce. Alors la peur devint plus forte, faisant battre son corps à la manière d’un cheval emballé. Complètement idiot… et cette odeur douceâtre rappelant les champs de bataille, qui flottait dans l’air, existait-elle ou bien n’était-ce là qu’un pur produit de son imagination ?
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Yamigumo

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MessageSujet: Re: Goût d'un après-midi...   Goût d'un après-midi... Icon_minitimeDim 1 Mar - 21:24

[aprés le sujet de la forge]

Le petit Yamigumo s’était échappé de l’antre de la forge et avait passé une bonne heure en ville à visiter. Il était clair que cela n’avait rien à voir avec ce village pouilleux qu’était devenu le fief du clan Kitsune. Non, vraiment ! Ca avait quelque chose de plus vivant, de plus enjoué, malgré le fait que l’on sentait une certaine tension sous jacente. Derrière les commerçants et les habitants affables, on pouvait voir samouraïs et milices patrouiller régulièrement. Un sentiment d’insécurité inconscient donc. Il serait assez aisé de faire naître le chaos dans cette ville qui se donnait l’illusion de sa sûreté… Un ou deux meurtres bien sanglant qui ne pourrait être ignorer et le village deviendrait un lieu dévoré par la suspicion et les préjugés. Il s’arrêta devant un marchand de masques… Des festivités auraient sans doute lieux prochainement. Il demanda un masque représentant la tête d’un kitsune, le préférant à celui du tengu. Il était amusant de voir comment les humains se grimer pour prendre l’apparence de divinités ou d’êtres surnaturels… Il laissa le marchand ajuster le masque sur son crane, donnant l’illusion du parfait petit garçon bien poli. Même si le marchand le prit d’abord pour une petite fille assez étrange, mais il passa ce détail…

Tout à ses pensées, le yokai arriva devant l’entrée du sanctuaire du corbeau. Il eut un rictus amusé et se sentit d’humeur à profaner le lieux de sa présence. Il mit à peine le pied sur la dalle intérieur du sanctuaire qu’un corbeau croassa. Un signe d’avertissement. Ils devaient être les gardiens du sanctuaire. Quoi qu’il en soit, il passa délibérément outre l’avertissement. Il n’eut pas fait cinq pas à l’intérieur que les croassement se multiplièrent et que les premiers volatils à portée l’attaquèrent. Hé bien, il s’avoua l’avoir cherché, mais ne pouvait pas rester ici sans se défendre. Les volatils s’étaient mis à l’écorcher de leurs serres puissantes. Certains s’élançaient sur lui, bec en avant. Le yokai araignée se défendit, faisant tomber son masque et massacrant les pauvres gardiens. Quelques moines alertés par le raffut furent témoin de la scène. L’enfant n’eut d’autre choix que de les réduire au silence de façon permanente. Il eut à peine le temps de dissimuler les corps des moines dans un coin, qu’une dame à la beauté envoûtante fit irruption.

Le petit Yamigumo feignit le chagrin et ramassa son masque de kitsune ébréché, seul au milieu des cadavres de corbeaux et de leur plumes noires. Il lança un regard triste à Akatsuki avant de lancer entre deux faux sanglots :

« Ils… Ils m’ont attaqué… Je, j’ai du me défendre… »

Son récit se trouva renforcé par le fait qu’il était encore marqué par les éraflures causées par les attaques.
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Akatsuki

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MessageSujet: Re: Goût d'un après-midi...   Goût d'un après-midi... Icon_minitimeLun 2 Mar - 23:52

Akatsuki contempla presque sans le voir ce jeune enfant perdu au milieu des plumes noires. Ce ne fut que lorsque le bruit des sanglots parvint à ses oreilles que la femme sembla se réveiller. Alors, lentement, elle s’avança. Un instant, elle put sentir le corps d’un des oiseaux s’écraser lentement sous son pieds, mais cela ne semblait que trop irréel, comme un rêve nauséeux au sortir d’une longue maladie…
Les corbeaux avaient-ils déjà été agressifs ? Elle se souvenait de Tora, la jeune prêtresse, les appelants, les nourrissant, oiseaux calmes et sacrés. Maintenant ils étaient comme des poupées éventrées devant le jeune garçon sûrement apeuré.


« Ils ne peuvent plus t’attaquer, maintenant… »

La femme leva lentement la main et essuya de sa manche le visage de l’enfant, couvert d’égratignures. Elle lui prit également des bras le petit masque fêlé et contempla la face de renard qu’il représentait, encore une fois de ses yeux vides et absents…

« Les kitsunes portent malheur, dit-on… mais ce masque de renard a eu le mérite de te protéger les yeux. Plus de peur que de mal mon garçon… »

Avec douceur, elle lui passa la main dans les cheveux de manière maternelle. Rien ne pouvait lui faire remarquer les cadavres des moines, que Yamigumo avait bien cachés, évidemment. Akatsuki fronça néanmoins le nez avec cette odeur pestilentielle comme collée au garçon.

« Il y a un puits dans la cour si tu veux te laver le visage … Où sont tes parents ? »

Comme un début de migraine, le sentiment diffus que peut être bientôt, dans quelques heures, dans quelques minutes, une douleur sourde allait éclater dans son crâne. L’ancienne princesse prit une longue inspiration et redressa la tête.

« Ils doivent s’inquiéter de ne pas te retrouver… tu voulais prier ? »

Il faudrait enlever tous ces cadavres, nettoyer les plumes ensanglantées… Pourquoi les
corbeaux avaient-ils fait ça ? L’enfant avait peut-être de la nourriture sur lui, les oiseaux
avaient voulu l’attaquer, le petit avait paniqué et c’était défendu, peut-être…
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Yamigumo

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MessageSujet: Re: Goût d'un après-midi...   Goût d'un après-midi... Icon_minitimeJeu 5 Mar - 0:35

Il ne pouvait détacher ses yeux de la dame face à lui. Elle était absolument et irréellement belle. Irréelle semblait bien le mot pour la décrire. Elle semblait tout droit sortie d’un rêve et marcher dans une réalité qu’elle ne comprenait pas. Tout en elle respirait la noblesse, mais elle semblait tout aussi brisée. Elle lui faisait l’effet d’une belle poupée en fait. Une poupée vide intérieurement. Il ferma les yeux quand elle passa sa main dans ses longs cheveux. Lorsqu’il les réouvrit, son regard bascula sur les plumes noires autours de lui. Il se frotta les yeux afin de sécher ses larmes. Le garçon d’une douzaine d’années reprit doucement le masque des mains de la dame et le mit devant son visage. Comme s’il jouait à se cacher. Comme s’il était gêné de montrer son visage encore écorché.

« Je les ai tué… Tous tué… »

Il sembla reprendre ses esprits et passa ses bras autour du coup d’Akatsuki.

« Je n’ai pas de parents… Ils sont morts il y a longtemps. Je voulais juste visiter le temple… Je veux bien me rafraîchir. »

Il s’écarta de la Dame et ramassa ses cheveux pour ne pas marcher dessus, puis releva le masque sur son front.

« Vous me montrez où il se trouve Madame ? »

Et sans plus attendre, il lui prit la main, attendant qu’elle le dirige vers un coin du domaine sacré.
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Akatsuki

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MessageSujet: Re: Goût d'un après-midi...   Goût d'un après-midi... Icon_minitimeDim 8 Mar - 20:08

« Je sais… »

Akatsuki regarda une dernière fois tous ces petits cadavres aux plumes luisantes. Oui, tous morts. Les enfants sont capables de tant de cruautés, tout comme les adultes après tout. Parfum de tristesse dans le goût amer du jour qui passe, et tout s’écoule inlassablement sous la poussière des chemins.
Les deux bras maigres qui s’enroulent autour de son cou pour répondre à un geste d’affection, le masque que l’on remet… et toujours cette grande lassitude en elle, ce pli amer dans le coin de sa bouche qui ne semble jamais la quitter depuis presque près de vingt ans maintenant.
Akatsuki ne fit aucun commentaire sur les longs cheveux de l’enfant, qu’il ramassa. Il aurait du les couper, peut-être, mais ce n’était pas à elle de lui dire. Elle avait d’autres chats à fouetter.


« Suis moi… »

La main du garçonnet se glissa dans la sienne, confiante. Certes, pourquoi devrait-il avoir peur d’une femme ? Et il n’y avait plus d’oiseau pour l’attaquer, après tout… Elle le mena donc jusque au puits dans la cour intérieure déserte. Cette absence de personne et son propre état d’esprit la fit alors s’interroger : est-ce que tout ceci n’était pas qu’un rêve ? les corbeaux, l’enfant, le masque…

« C’est ici …»

La chaleur des doigts de son petit compagnon lui semblait pourtant bien réelle. Non, ce n’était encore que son esprit pitoyable et fou qui s’emballait dans quelques malades pensées.
Comme toujours….
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Yamigumo

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MessageSujet: Re: Goût d'un après-midi...   Goût d'un après-midi... Icon_minitimeDim 8 Mar - 22:53

Tout cela pouvait semblait irréel à la femme, mais tout était pourtant vrai. Les cadavres, l’odeur de mort, l’enfant, les plumes noires voletant encore… Tout était vrai. Les doigts de l’enfant, qui n’en était pas un, enserraient ceux de l’ex princesse Kitsune et communiquaient leur chaleur à la main froide de celle ci. Il la laissa l’emmener vers le point d’eau sans parler beaucoup plus. Une fois devant, il relâcha la main de la dame et se pencha au dessus du puit. Il ôta son masque et bien qu’il resta des traces de sang, les écorchures elles, avaient quaisment disparues. Son sang de yokai avait fait effet. Il puisa néanmoins un peu d’eau et s’en passa sur le visage. Le contact de l’eau était vivifiant, cela le réveilla un peu plus. Il s’écarta de la margelle du puit et adressa un sourire un peu timide à la dame. Il gardait son masque ans les mains, jouant avec.

« Merci Madame. Maintenant je n’ai plus mal. »

Il regarda son masque.

« Dommage, il est abîmé… Comme tout ce qui touche les kitsunes d’ailleurs… Dites moi ? Vous ne croyez pas que quelqu’un à lancé une sorte de malédiction sur eux ? ce sont peut être les Tengu les responsables… »

Il fixa intensément Akatsuki, cherchant un signe de réaction quelconque. Ses longs cheveux traînaient de nouveau par terre, mais il n’en avait cure.

« D’où venez vous Madame ? D’ailleurs puis je connaître votre nom, vous m’avez l’air d’une bonne âme et j’aimerai trouver un moyen de vous remercier si vous m’y autorisez. »

Il s’inclina respectueusement face à elle pour la remercier.
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Akatsuki

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MessageSujet: Re: Goût d'un après-midi...   Goût d'un après-midi... Icon_minitimeLun 9 Mar - 0:03

Akatsuki se sentait comme incapable de détacher ses yeux du masque dans les mains de l’enfant. Le rictus éraflé du kitsune n’était pas la seule blessure de l’objet. Non, c’était bien un visage défiguré, un visage de douleur, un visage de bois qui pourtant souffrait, entre les doigts du garçon. Et l’enfant, lui, respirait la jeunesse et la santé, beau et sans blessure, inhumain presque, comme revêtu de toute l’innocence du monde. Mais ses paroles n’étaient certainement pas celles de quelqu’un de son âge. Peut-être parce qu’il est facile d’avoir peur dans ces cas là, de se montrer faible, terrorisé, de s’enfuir en courant pour se cloitrer dans une pièce sûre, l’ancienne princesse se force à compter jusque trois sans sa tête. Lorsque le nombre fut atteint, elle releva les yeux et regarda Yamigumo. Non, c’était un enfant devant elle, un enfant dont elle ignorait tout et qui ignorait tout d’elle, pas de quoi s’inquiéter. Il ne fallait pas être sot mais logique.

« Si il s’agit de cela, qui serait assez triste et désespéré pour nous maudire avec tant de cruauté ? Nous, seulement nous et pas les autres…. »

La femme ne s’aperçut qu’après avoir parlé, qu’elle s’était incluse dans les kitsunes. Bah, elle avait été leur princesse après tout. L’espace d’un instant, elle revit en pensées la triste demeure de sa famille, le regard sévère de son père et réprima un frisson. Son père, elle détestait cet homme, mais s’il n’y avait pas eu Yamigumo, s’il n’y avait pas eu comme une malédiction, auraient-ils eu l’un envers l’autre l’affection des parents et des enfants ? Son père aurait-il été un homme différent ?

« Les Tengus, responsables ? ils sont morts de peurs et se voilent les yeux…. »

La femme eut un léger ricanement méprisant, bien triste cependant.

« D’où je viens ? Mais toi, toi qui pour le moment me salue avec le plus de respect possible, d’où viens-tu également ? »

Akatsuki s’était approché de l’enfant, le regardant sans ciller

« Je viens de par delà la frontière, dans le territoire kitsune. Tu as devant toi Akatsuki, qui fut la princesse avant de devenir la honte de ce pays… »

Une bonne âme, elle ? Non elle était un songe de regret et de lâcheté, rien de bon là dedans. L’enfant se trompait.
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Yamigumo

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MessageSujet: Re: Goût d'un après-midi...   Goût d'un après-midi... Icon_minitimeDim 15 Mar - 22:26

Il s’était redressé, balayant négligemment une plume noire des plis de son kimono. Décidemment tuer des oiseaux, en plus de ne pas être glorieux, était salissant. Il prit alors une poignée de cheveux et vérifia qu’il ne s’y trouvait pas de plumes ou autres débris. Fichtre ! Non seulement il y en avait, mais en plus ils étaient emmêlés par endroits !

« Il y a toujours des personnes tristes de par le monde et il m’étonnerait que le clan Kitsune soit un modèle d’intégrité. Ils ont sans doute fait du tort à une personne de trop. Quand aux Tengu, je doute qu’ils valent mieux, mais au moins ils vivent relativement prospères. Mais je ne suis que l’enfant d’un couple de notables décédés, je ne suis pas à même de bien comprendre leurs politiques respectives. Je suis honoré de vous rencontrer Dame Akatsuki, vous êtes très jolie ! »

Il lui fit un adorable sourire, légèrement rougissant, puis s’empressa de mettre le masque du Kitsune pour masquer son embarras.

« Je m’appelles Tensui »

Il s’inclina de façon théâtrale, le masque semblait lui sourire malgré ses mutilations.

« Auriez vous la bonté de me conduire au point où sont recueillis les réfugiés ? J’y retrouverai peut être des membres de ma famille… »

Il s’avança vers elle et mit sa petite main dans celle fine et douce d’Akatsuki.
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Akatsuki

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MessageSujet: Re: Goût d'un après-midi...   Goût d'un après-midi... Icon_minitimeMer 18 Mar - 23:53

« Tes paroles sont bien réfléchies pour celles d’un enfant… »

Ca y est, la douleur venait d’éclater dans son crâne. Comme un œuf niché à l’intérieur de sa tête, vivant, mouvant. Quelque chose pour lui déchirer les chairs, pour la dévorer de l’intérieur. La femme ferma les yeux quelques instants, le temps de respirer, de reprendre son calme…
Finalement, elle réussit à regarder à nouveau le petit garçon sans rien laisser paraître de sa douleur. De toute manière, celle-ci n’était pas insurmontable, juste qu’elle avait un désagréable goût de nausée et de désespoir.


« Tu es encore bien jeune Tensui, pour dire à une femme qu’elle est belle. »

Le masque la fixait, le masque ou les yeux du garçon ? Mal, si mal… comme un fer chaud appliqué sur ses paupières. Dans une heure, cela ne sera plus qu’un mauvais cauchemar, du moins c’était ce qu’Akatsuki espérait…

« C’est un beau nom que le tiens »

Des plumes, des nœuds, dommage pour de si beaux cheveux, il faudrait que quelqu’un les lui peigne. De toute façon, l’enfant ferait mieux de les couper, ce serait plus pratique.
Et à elle, qu’on lui coupe la tête…
La main du garçon se glissa dans la sienne, quand s’était-il rapproché ? Akatsuki ferma les yeux à nouveaux pour quelques secondes. Ah oui, il lui avait posé une question…


« Par là… c’est par là. Je ne peux malheureusement pas t’y conduire… »

Etait-elle si malade pour que l’illusion d’une odeur de cadavre lui emplisse les narines et lui rende la bouche pâteuse. Un brusque haut le cœur la saisit soudain au point que la femme posa un genou à terre, les mains plaquées contre la bouche, pâle, tremblante, tentant de se calmer, de reprendre sa respiration….
Puanteur de mort… était-ce elle qui pourrissait de l’intérieur…
L’enfant lui-même exhalait cet horrible parfum douceâtre, le souvenir d’un bâton d’encens qui se consumait lentement lui revint soudain en mémoire. Odeur agréable. La nausée s’intensifia…

Que n’y avait-il un grand lac près d’ici ? Nul doute que la femme irait s’y jeter en courant.
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Yamigumo

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MessageSujet: Re: Goût d'un après-midi...   Goût d'un après-midi... Icon_minitimeVen 20 Mar - 0:14

Un petit ton de protestation se fit entendre.

« Je ne suis plus un enfant ! J’ai douze ans !… Puis je ne fais que dire que ce que je pense. »

Il pressa un peu la main de la femme et commença à avancer, se moquant éperdument qu’elle ai le droit de venir ou non. S’il le voulait, il pourrait la traîner de force au refuge, même si cela ferait voler en éclat sa petite comédie. Mais Akatsuki fut prise d’un haut le cœur et du s’arrêter. Le gamin s’écarta un peu, je vous laisse deviner pour qu’elle raison. Il se contenta de la regarder, ne lui portant aucune aide. Après un moment d’observation, il se mit à observer les alentours. Non loin de là, il y avait un magnifique cerisier en fleur. Les pétales qui tombaient des branches ressemblaient à de la neige. Ca avait quelque chose de magique… Il s’approcha de l’arbre et essaya de saisir quelques "flocons" au vol. Il resta un moment dessous, à contempler les pétales tournoyer dans les airs. Cela devrait laisser le temps à la femme de se reprendre. Il eut alors l’idée de cueillir une branche pleine de fleurs afin de l’offrir à la Dame.

« Comment vous sentez vous ? Voulez vous un peu d’eau ? Je peux aller en chercher au puit si vous voulez. »

Il s’approcha alors et lui offrit la branche.

« Tenez, c’est pour vous. »

Il lui fit un grand sourire, même si celui ci était dissimulé par le masque.

« Vous ne trouvez pas que ça sent bizarre ici ? »

Un moine venait d’apparaître, portant avec lui en encensoir. Drôle de personnage en vérité, il avait l’air austère et sévère, mais on sentait chez lui quelque malaise. Il se dirigea vers l’endroit où il avait tué les corbeaux… Seulement, le moine sembla les remarquer et se détourner vers eux. Il prit alors la parole, leur demandant la raison de leur présence si proche du camp des réfugiés. Son regard tomba sur l’enfant, un regard bien déplaisant en vérité, et lui demandé qui il était, ce qu’il faisait ici. Selon lui, les réfugiés Kitsunes ne devaient pas se trouver en dehors du campement… Il saisit alors l’avant bras du gamin et l’entraina vers vers la zone où il aurait du se trouver selon lui…
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Akatsuki

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MessageSujet: Re: Goût d'un après-midi...   Goût d'un après-midi... Icon_minitimeDim 22 Mar - 5:44

La voix du jeune garçon lui sembla venir de bien loin, comme étrangère. D’ailleurs pouvait-elle en comprendre tous les mots ? Fermer les yeux, se réfugier dans l’obscurité, fuir évidemment. Ses oreilles sifflaient Akatsuki se sentait comme prise dans un carcan, elle ne pouvait bouger, ses yeux ne voyaient plus, elle ne pouvait parler…
Ce serpent, ce nid de serpents pendu au dessus d’eux pour les empoisonner, à qui sont ces serpents qui sifflent sur leurs têtes ? La femme retint un rire amer qui se serait bien trop vite changé en sanglot. Rage, désespoir…

De nouveau respirer, se calmer…


« Ca ira, je te remercie »

Rouvrir les yeux… Le monde sembla enfin se stabiliser autour d’elle. L’enfant la regardait, une branche de cerisier dans les mains. Avec un sourire, la femme accepta le présent. Son regard se porta sur l’arbre un peu plus loin. Lorsqu’une légère brise se levait, quelques fleurs venaient mourir au sol…

« Sais-tu…. Sais-tu que c’est au pied des cerisiers que l’on enterre les morts ? »

L’attention de la femme restait lointaine, comme si son esprit se plaisait à se cacher dans u monde différent de celui de son corps. A nouveau cependant, l’odeur de l’encens la frappa. Elle détestait cela. La voix fluette de Yamigumo lui parvint, mais elle ne put la comprendre, voulant se détacher encore plus de tout ce qui l’entourait.

« Lâchez cet enfant… »

Le moine la regarda, surprit. Akatsuki serra les poings jusqu’à sentir les ongles égratigner sa propre chair. Elle pouvait sentir les yeux du moine sur elle, emplis de mépris, de railleries. Elle avait été princesse, il aurait dut baisser les yeux devant elle, s’agenouiller, ne jamais oser la regarder….

« Lâchez-le… maintenant ! »

Mais ses mots restèrent sans effet…
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Yamigumo

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MessageSujet: Re: Goût d'un après-midi...   Goût d'un après-midi... Icon_minitimeDim 22 Mar - 21:14

Le moine était bien décidé à l’emmener dans le campement, aussi décida-t-il de se laisser faire, car n’était ce pas ce qu’il voulait depuis le départ ? Bien sur la rencontre avec Akatsuki fut tout à fait fortuite. Il n’ignorait pas qu’elle se cachait chez les Tengus, mais qu’elle était retenue au temple ? Il l’imaginait plutôt quelque part dans la demeure du clan. Mais il est vrai qu’il n’avait jamais pris la peine de se renseigner sur le sujet. Qu’Akatsuki se trouve ici ou ailleurs ne le gênait pas. Bon, un jour il lui faudrait l’emporter dans son antre histoire de récupérer son bien. Seulement il n’était pas pressé. Mais il se rendit compte que le temps chez les humains passait vite, aussi il dut se rendre à l’évidence : il lui faudrait l’emmener prochainement. Mais il du se concentrer à nouveau sur le présent et laisser de côté les projets et autres idées qui se formaient dans son crâne : le moine lui faisait mal au bras. Il ne perdrait rien pour attendre, mais pas devant la dame. D’ailleurs cet impudent était bien arrogant devant elle. Et en plus il avait tendance à lui marcher sur les cheveux ! Il se promit de lui réserver un sort particulier. Là il se sentait un peu engourdi par l’odeur de l’encens. Ils avaient de bien étranges coutumes dans ce temple…

« Ne vous en fait pas Dame Akatsuki, j’ai été honoré de faire votre connaissance. »

Il tenta de faire un salut poli, mais le moine ne lui en laissa pas l’occasion et l’emmena directement au campement. Enfin, il se débarrassa de lui au premier sous-fifre venu et retourna voir la dame avec son encens aux opiacés.

***
Il avait l’esprit encore engourdi par l’encens lorsqu’il arriva au fameux campement… Pouvait on appeler ça un camp ? Des tentes et des abris de fortunes s’entassaient les uns sur les autres. La plupart des habitants restaient dans leur abris, sans doute par peur de se faire voler leur place. Les kitsunes venus ici espéraient une vie meilleure à celle de l’autre côté de la frontière, mais c’était pire. Ils étaient prisonniers, sous alimentés et les conditions d’hygiènes et de santé étaient déplorables. Et dire que dehors, dans la ville, les Tengus riaient et mangeaient sans se soucier du sort de leurs voisins… Le petit moinillon le balança dans l’arène et le jeune garçon avança quelques pas hagard… Personne ne faisait réellement attention à lui, jusqu'à ce qu’un homme à l’allure de scélérat vienne à lui et ne l’entraîne dans son logis moisi. Il tenta de lui voler son kimono… Il n’aurait pas du essayer de le toucher, encore moins le déshabiller. Même hagard, le yokai était dangereux. Plus encore que s’il était maître de ses pensées. Le misérable humain fut tué sur le champ. Personne ne se rendit compte du meurtre, la cabane de bric et de broc était vide. Il essuya sa main pleine de sang sur un pan de tissu à porté et ressorti du lieu de son crime, en ayant relevé le masque de kitsune sur le sommet de son crâne. Il erra un moment dans les rues de la cité improvisée et constata qu’ici plus qu’ailleurs, les humains n’étaient que des monstres d’égoïsme et le répugnait. Trafiques de nourritures, de femmes, d’enfants… Tout ce qui était vendable ou échangeable était mis à contribution. Et si la personne échangée n’était pas d’accord, cela n’était pas un problème en soit.

Une cloche retentit… Le ravitaillement du soir était arrivé apparemment aux vues de tous ces gens se rassemblant fébrilement vers un point précis du camp. Yamigumo suivit le mouvement et arriva à une sorte de place bondée de monde. Il s’agissait en fait de l’entrée par laquelle il était arrivé. Il ne se serait pas douté que le campement puisse accueillir autant d’âmes s’il n’avait pas vu cela. Ses yeux tombèrent sur un groupe de moines escortés de samouraïs bien armés… Il fut écœuré par le spectacle qui s’ensuivit. Les moines et les hommes d’arme jetaient des sacs de nourritures et riaient des gens essayant de les attraper. Ils éclatèrent de rire devant un enfant qui se prit un sac et qui en fut assommé. Le spectacle de la frustration des habitants du bidonville devant des sacs de riz éventré et corrompus par de la boue était apparemment hilarante aussi. Oh… Il aurait dut trouver le spectacle réjouissant en tant que yokai… Mais il se sentait plutôt nauséeux et le spectacle était vraiment pitoyable. Il se sentait perdu au milieu d’insectes répugnants… Et il tout à coup l’envie de sortir d’ici… Ou de tous les éliminer… Peu importe, mais qu’il ne se retrouve plus au milieu de cette crasse ambiante. Il se sentait sale, c’était bien cela…

Il s’approcha de l’entrée du campement et arriva à se faufiler dehors au nez et à la barbe des gardes. Ils étaient de toutes façons trop omnibulés par le spectacles en cours. Oh ! Si si l’un d’entre eux vit la petite silhouette du gamin et le suivit. Il sera retrouvé au petit matin, éventré, une expression de surprise sur le visage.

***
Il était retourné dans le sanctuaire et s’assit sur la margelle du puit où plus tôt dans la journée il avait essuyé son visage. Quelqu’un avait balayait les cadavres des oiseaux et le silence régnait… Apparemment on n’avait pas encore découvert les corps des prêtres, car tout était calme. Peut être un peu trop d’ailleurs… Il s’avança vers le bâtiment d’où il avait vu Akatsuki sortir. Il gardait son masque à la main maintenant. Il pénétra dans la bâtisse et croisa un moine qui se rendait on ne sais où… Il le tua sans hésitations. D’autres par le bruits du premier qui agonisait ne tardèrent pas à apparaître. Il les tua sans plus de raison. Il tua tout ceux qui croisèrent sa route. Ne faisant aucun détails s’il s’agissait de femmes. Et plus le carnage continuait, plus le rouge se faisait omniprésent. Il arriva à un point où il y en avait partout. Des traînées et des giclées de sang frais sur les murs et le sol, lui même en était couvert. Il arborait maintenant un sourire sadique. L’odeur de l’encens était revenue et ne l’apaisait en rien, bien au contraire. Il se mit à rire. Quelques proies tentaient de fuir en se traînant lamentablement sur le sol. Il les acheva. Puis il se mit en quête de la source de l’odeur sirupeuse de l’encens… Et plus il s’approchait, plus ça en devenait de moins en moins supportable. Il ouvrit une porte et découvrit le moine qui lui avait fait mal en compagnie de la princesse.
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Akatsuki

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MessageSujet: Re: Goût d'un après-midi...   Goût d'un après-midi... Icon_minitimeMer 25 Mar - 21:10

Il y avait la statue d’un yokai dans la pièce. Oh, pas quelque chose d’imposant, non, juste de quoi décorer. De la pierre dure et froide, grise et triste. Les grands yeux globuleux semblaient comme l’observer avec la lumière de la petite lanterne. La dévorer du regard avec… avidité. Non, non, ça c’était les yeux du moine sur elle… Le démon statufié n’était rien d’autre qu’une chose morte, immobile, toujours. Il avait des cornes, plusieurs bras et un pagne pour simple vêtement, le genre de démon populaire pour effrayer les enfants… Qui était le monstre ici, en pays Tengu ? Yamigumo n’était qu’ne menace lointaine, bien trop lointaine pour servir de croque mitaine…
Le moine avait emmené l’enfant, elle était restée seule dans la petite cour, la branche de cerisier dans les mains. Elle aussi, immobile comme une statue, presque inexistante, fantôme de chair et de sang déjà oublié par tous. De nouveau les vertiges la prenaient, combien de temps resta-t-elle ainsi ? Assez pour qu’une main se pose sur son bras, pour qu’elle se mette à suivre l’inquiétante silhouette à l’odeur d’encens.
C’était toujours ainsi, toujours…
Quelques moines passaient, vaquant à leurs occupations. La pression sur son bras s’accentua légèrement, la femme ferma les yeux. Tout cela était inutile. Le moine, ce moine qui l’avait regardé avec tant de mépris tout à l’heure, voulait l’inviter à revenir dans ces appartements, elle avait l’air fiévreuse, malade…
La branche de cerisier tomba à terre, un bruit sec se fit entendre lorsque l’homme marcha dessus. Non loin d’eux, un autre groupe de moinillons discutaient, c’était là la routine du temple, si nauséeuse. Dans quelle prison s’était-elle donc enfermée de son plein gré, elle, la pauvre idiote ?
Elle le savait, beaucoup ici ne la voyait que comme une pauvre folle. Enlever les getas, rentrer dans le temple, la cloison que l’on ouvre, la pièce austère …
Et maintenant, cette statuette qui la regardait. Tout comme le moine. Dehors, c’était l’obscurité qui commençait à tomber, écrasant toute lumière sous son poids. Pourquoi est-ce que tout ne pouvait pas s’écrouler ? Cela serait plus facile…
L’homme avait planté quelques bâtonnets d’encens, déjà Akatsuki pouvait sentir sa tête devenir de plus en plus lourde. A quoi est-ce que ça ressemble, la mort ? Elle ne savait pas, elle avait trop peur pour regarder…
Aucun honneur…Hé dire qu’elle était fille de guerrier, de quoi s’en arracher les cheveux pouvaient dire les autres, après tout elle avait encore moins d’honneur qu’une roturière.
Et l’odeur de l’encens continuait de se répandre encore et encore.
Cela la prit comme une maladie, comme un coup de folie, quelque chose d’enfermer dans sa gorge, un animal qui cherche à s’en échapper, qui lui coupe la respiration, qui lui mange le cœur… Alors elle ouvre la bouche et elle rit, oui, elle rit comme jamais encore elle ne l’avait fait, à en pleurer. Alors elle pleure.
Des mains…

Secondes, minutes, heures ? Le temps qui semble reprendre son cours. Akatsuki restait allongée, le regard dans le vide. Elle pouvait entendre l’homme à côté d’elle ainsi que le bruit de la cloison que l’on ouvre. Il sortait, elle allait pouvoir dormir, se réfugier dans ses propres ténèbres, fuir la mort tout comme elle fuyait la vie. Mais un cri étranglé se fit entendre. La femme soupira avant de se redresser, véritable cadavre vivant. Les yeux noirs étaient vides, cerclés de rouges, les longes cheveux jais complètement en désordre, emmêlés, et ce plis amer qui déformait sa bouche, et ces quelques traces rouges sur sa peau blanche….


Le moine était toujours dans la pièce, à fixer la porte, tremblant, retenant un cri. Il s’effondra à genoux, pitoyable… Akatsuki tourna lentement la tête, un léger rideau de cheveux vint lui masquer une moitié du visage. Elle se sentait lourde, si lourd, juste fermer les yeux, se laisser couler dans un quelconque lac imaginaire, se laisser noyer, oublier qu’il n’y avait aucune main à attraper.

Là, dans la porte, se tenait l’enfant de l’après-midi, couvert de sang…. Et cette odeur se superposait à celle de l’enfant.

Tiens, ils allaient tous se faire tuer ?

De nouveau fermer les yeux

Que le coup vienne, alors…
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MessageSujet: Re: Goût d'un après-midi...   Goût d'un après-midi... Icon_minitimeMer 22 Avr - 23:34

Il n’avait pas encore ouvert la cloison de papier et se tenait devant, immobile durant quelques secondes. Quelques secondes durant lesquelles il tourna la tête vers le couloir et contempla son œuvre du soir d’un regard froid. Il se rendit compte que tuer ne lui faisait maintenant ni chaud, ni froid. C’est alors que la porte coulissa et qu’il se retrouva face à face avec le moine à l’encens. Il écarquilla les yeux l’espace d’une demi seconde. Le moine fut plus surpris encore à l’entente de son cri étouffé, ce qui fit sourire le yokaï. Un sourire sans joie qui se mua en moue exprimant son dégoût lorsqu’il le vit tomber à genoux. Il fit alors un pas en avant et renversa le moine tremblotant d’un coup de pied. Il referma la porte. Le moine se releva et sembla avoir repris un peu ses esprits, tandis que Yamigumo se chargeait d’éteindre les bâtonnets d’encens. Il se releva et se dirigea en courant et trébuchant vers la cloison donnant sur l’extérieur. Il n’eut jamais le temps d’y arriver… La pièce devint soudainement noire : des milliers de fils noirs s’entrecroisaient et semblaient former une toile noire vivante et mouvante. Et le garçon s’avança avec aisance sur la toile qu’il venait de former. Il avait plus de l’insecte qui se déplaçait que de l’humain. Et la toile se resserrait lentement autour du moine, tout lentement. Le gamin lui adressait un regard sadique. L’autre commençait à suffoquer, il voulu crier, mais il était trop tard. Ne se formaient plus dans sa gorge que des gargouillis, ébauche informe de paroles mortes avant même qu’elles ne naissent. Mais il ne le tua pas de suite. Il reprit sa forme humaine habituelle, qu’il sache à qui il avait à faire, si jamais il avait été trop sot pour s’en rendre compte. Il le fixa de son œil de serpent et lui envoya des visions de milles et une tortures. La pauvre victime tomba dans une catatonie, ne supportant pas le mirage. Mais l’homme insecte s’avança alors plus avant et finit par prendre sa forme animale l’espace d’une fraction de seconde. Ce qui fut assez rapide pour trancher le corps en deux. Une magnifique gerbe de sang éclata. Magnifique fleur écarlate éphémère… Beau spectacle !

Il délaissa le corps désormais inanimé et se tourna vers la femme. Elle semblait comme morte, mais sa beauté était toujours présente malgré les outrages que les hommes lui avaient fait subir. Il reprit la forme de l’enfant.

« Dame Akatsuki… »

Il se pencha vers elle et doucement l’aida à couvrir sa peau nue de son kimono.

« Suivez moi je vous prie. Allons nous en d’ici. »

Il dégagea la moitié de son visage dissimulé par ses longs cheveux noirs. Sa peau était douce.
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MessageSujet: Re: Goût d'un après-midi...   Goût d'un après-midi... Icon_minitimeDim 26 Avr - 23:45

Sang et mort…Alors même que les ténèbres emplissaient la pièce, Akatsuki crut enfin retrouver l’usage de ses yeux. Etait-ce l’odeur d’encens qui se dissipait ? Etait-ce sa fatigue, sa tristesse à elle, qui lui donnèrent envie de pleurer ? Chaque larme qui coulait silencieusement sur ses joues la faisait se haïr elle-même encore un peu plus. Pendant ce temps, le moine mourait. Elle, elle regardait. Elle vit un enfant, elle vit un homme, elle vit une araignée –illusion ?- puis de nouveau un enfant.
Le moine se mourait. Il souffrait. Plus, oui encore plus de ses cris d’agonis ! La femme sourit, comme absente. Mais ces souffrances étaient sûrement trop courtes pour l’être vil qu’il avait été, quel dommage. Qu’il souffre éternellement…non…un corps coupé en deux…Quel dommage.
Puis l’enfant s’avança vers elle. Ce n’est que lorsque il l’aida à remettre son kimono que la princesse sembla enfin prendre conscience de sa nudité. Son esprit lui sembla un instant bien loin de son corps, où était-il ? Plus de dix-sept ans en arrière, dans un palanquin étouffant… là où l’odeur de la mort l’environnait, là où deux yeux la regardaient avec …avec quoi, envie ? Envie, dégoût ? Puissance ?
Mais ce temps là était passé…seule la souffrance restait.


« Non… »

Juste un mot, mais quel plaisir de le prononcer enfin !
Une main pour lui écarter ses cheveux…. Envie d’être un fantôme, un courant d’air, quelque chose que l’on ne peut pas toucher….


« Je n’ai aucune envie de partir avec vous, Yamigumo »

Un homme, un enfant, une araignée…

Akatsuki se leva, chancelante. Il pouvait choisir de la tuer, alors tant pis. Ou alors, peut-être se rappellerait-il de cette femme qui avait bien voulu l’aider après l’attaque des oiseaux…
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MessageSujet: Re: Goût d'un après-midi...   Goût d'un après-midi... Icon_minitimeMer 12 Aoû - 19:25

De la stupeur, voilà se qui put se lire l’espace d’une fraction de secondes sur le visage de l’enfant. Mais de nouveau Yamigumo, l’araignée ténébreuse, repris le masque serein et impassible qu’il avait affiché la plupart du temps. La princesse avait découvert son identité… Normal après tout ce carnage. Et maintenant, il était tout aussi normal qu’elle refuse de le suivre. Devait il l’emmener de force ? Devait il à nouveau se montrer cruel ? Devait il la tuer immédiatement ? L’araignée réfléchissait.

« Vous m’avez en effet percé à jour Dame Akatsuki. »

Il se contenta de se relever et de lui sourire de façon poli avant de récupérer son masque.

« Mais comprenez que si vous ne me suivez pas, je tuerai une à une toutes personnes se présentant dans ce temple… y compris votre fils. »

Il essuya le masque d’un revers de la main, comme si ce geste suffirait à enlever le sang qui tachait l’objet. Puis il s’assit en tailleur, semblant comme méditer le masque sur les genoux. Mais derrière les cheveux noirs qui maintenant lui couvrait le visage, deux yeux noirs et cruels observait la femme encore groguie face à lui. On aurait pue lui soupçonner du plaisir à la voir ainsi chanceler entre cauchemar et réalité. Mais en réalité, il la trouvait pathétique, indigne du rang qu’elle occupait. Il émit un imperceptible soupir. Elle avait été une femme fière et sublime. Aujourd’hui elle n’était plus que l’ombre d’elle même, mais elle gardait tout de même des trace de la fierté de jadis et elle pourrait faire encore tourner la tête de bien des hommes.

« J’attendrai ici le temps qu’il faudra pour que vous me suiviez. »

Pas de brusqueries, pas de ton menaçant. Juste une politesse à vous faire froid dans le dos. Comme si le corps disloqué à côté n’existait pas, comme si l’odeur de la mort n’avait pas envahi tout l’édifice. Et maintenant, le silence régnait en maître.
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MessageSujet: Re: Goût d'un après-midi...   Goût d'un après-midi... Icon_minitime

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