Calme et bruissements d'une forêt qui se réveille

[Premier post]

Bien qu'il ait eu des ennuis avec les renards toute la nuit car ceux-ci ne voulaient pas le laisser séjourner trop longtemps sur leur territoire ou trop près du tombeau de leur maître, Kyouketsu avait passé une assez bonne nuit aux abord du chemin boisé et avait tenu une conversation assez agréable à deux goupils qui s'étaient éclipsés avant le lever du jour. Le yokai s'étira et bailla, le cœur en liesse. Il était de bonne humeur ce matin. Peut-être était-ce en partie dû à l'odeur si familière du métal des sabres japonais et au murmure d'une âme guerrière en approche?

Le yokai fit de son mieux pour avoir l'air présentable... enfin... pas trop pouilleux quoi... et accrocha son katana à sa ceinture avant de se placer au milieu du chemin. En contrebas, il pouvait entendre les sabots d'un cheval au pas de façon bien distincte... le cavalier serait donc à sa hauteur en quelques minutes...

Kyoukujin attendit le temps nécessaire mais fut bien triste à la vue du cavalier -ou plutôt de la cavalière- qui approchait. Une femme...? Ce n'était pas de chance... Kyou ne défiait pas les femmes... d'ailleurs il ne comprenait pas comment celle-ci pouvait émettre un esprit guerrier comparable à celui d'un homme. Les femmes ne se battaient pas d'habitude.

Le kansen croisa les bras et fronça les sourcils, toujours au milieu de la route.

Tsukiyo n’aperçut rien autour d’elle et en déduit donc que l’intru était plus loin. Pressant doucement les flancs d’Aya, elle avança prudemment sur le sentier. Pas après pas, elle découvrit un homme solidement campé sur ses deux pieds.

Elle fut étonnée en premier lieu par sa carrure imposante et imagina qu’il s’agissait peut-être d’un guerrier de bonne famille élevé au bâton. Mais quand elle aperçut ses amis plus précisément, elle eut un mouvement de recul. De vieux habits délavés et sales le couvraient. Elle n’était pas dégoûtée mais plutôt intriguée. Le haut de son crâne était rouge et cet élément la fit redoubler de méfiance. Elle ne connaissait que trop les hommes de carrure qui aiment un peu trop le rouge, son père en faisait parti.
Bien qu’il ait un visage agréable, il semblait contrarié. Globalement, il avait l’allure d’un vagabond vivant à la dur, mais équipé d’un katana. Tsukiyo fut rassurer de sentir le sien ainsi que son kodachi dormir tranquillement dans leur fourreau, contre elle. Il y avait quelque chose en lui qui n’était pas humain… Mais quoi ?

A quelques mètres de lui, elle arrêta Aya mais n’en descendit pas. Elle le regarda fixement et lança :
« Qui êtes-vous ? »

La hauteur de sa monture la rendait imposante alors qu’elle-même n’était pas bien grande. Elle n’avait pas le regard fier mais plutôt interrogateur. Comme une bête curieuse, elle analysait scrupuleusement le nouveau venu. Un oiseau chanta au-dessus d’eux, révélant tout de même une certaine tension et surtout la méfiance de la jeune femme.

Il était plus âgé qu’elle. S’il voulait se battre, l’expérience risquait de faire défaut à Tsukiyo.

(Me revoici, me revoilà! Excuse-moi d'avance pour mon perso.. je viens de découvrir qu'il a des côtés légèrement misogynes... @__@)

Kyou fit la moue, inspectant la tenue de la jeune femme devant lui. Pas de kimono ou de haori non... il devait être tombé sur une originale du coin. Le yokai décroisa alors les bras et laissa échapper un soupir défait. Hen no onna* venait de poser la question qui tue: qui il était. Allait-il lui donner son nom premier d'élémentaire, son nom de yokai ou celui qu'il s'était choisi au risque de la voir tomber dans les pommes si sa réputation l'avait précédé? C'est pour ça qu'il n'aimait pas tant que ça avoir affaire aux femmes: il ne savait jamais comment réagir avec ces créatures! Bon tant pis, si elle avait peur, il ne s'en tiendrait pas pour responsable.

"Kyoukujin."

Pas la peine de faire des périphrases pompeuses pour se présenter non plus...

"Mais la moindre des politesses aurait été de donner ton nom avant de demander le mien, onna*²."

Sur ces paroles, qu'il trouvait plein de bon sens, bien qu'un peu présomptueuses, Kyoukujin darda son regard rouge dans celui d'onyx de la jeune femme. Elle le scrutait. Comme si... comme si quoi? Comme si elle s'était retrouvée en face d'une bête étrange dont elle tenterait de déterminer les origines. Il attendit, toujours au milieu de la route, que cette dernière se présente à son tour.

* La femme bizarre en japonais.
*² "Femme" à défaut de l'appeler par son nom qu'il ne connait pas... ^^;

Il fit la moue. Tsukiyo l’imita, n’appréciant pas ce qu’elle considérait comme une marque d’impolitesse à la première rencontre. Il accompagna son geste d’un soupir qui finit de le rendre antipathique aux yeux de la jeune femme. Elle remarqua la réflexion qui précéda l’annonce de son nom et fronça les sourcils. Son nom sonnait familier à son oreille mais elle n’était pas capable de dire quelle était sa réputation. Elle n’était pas trop au courant de l’actualité, que ce soit des meurtriers ou des hommes d’honneur. Cependant, elle ne pensait pas en avoir entendu parler en temps que gentilhomme.

Kyoukujin… Elle cherchait de son mieux dans ses souvenirs mais elle n’était pas connue pour sa mémoire des noms. Pourtant la sonorité lui paraissait familière. Un mot la perturba dans ses réflexions. Onna. Elle n’aimait pas être qualifiée par son sexe. Elle esquiva une grimace et cacha de son mieux son mécontentement.

« Je m’appelle Tatsuki Tsukiyo, fille de Tatsuki Akizuki. »

Elle précisait souvent le nom de son père car elle voulait faire perdurer son réputation de grand shogun. Elle ne s’en vanter en rien. En effet, comme il avait été tué par Yamigumo, son nom constituait en parti un déshonneur. De plus, Tsukiyo n’était pas vantarde et n’aimait pas les gens qui l’étaient.

« Que faites-vous dans la région par les temps qui court ? »

C’était une question sans intérêt aucun car chacun pouvait être où bon lui semblait, peut-être à la simple condition d’être armé et de n’être plus vierge. Malheureusement, Tsukiyo ne répondait pas au deuxième critère et c’était également pour cela qu’elle était particulièrement méfiante. Cependant, le dit Kyiukujin ressemblait d’avantage à un vagabond qu’à un serviteur du tyran. Ses doigts se crispèrent légèrement sur les rênes afin de tenter de rassurer discrètement Aya, qui avait adopté une attitude des plus méfiantes, les oreilles tendues vers l’avant et la tête bien redressé, l’encolure galbée.

Le yokai haussa un sourcil légèrement à l'annonce du nom de la jeune fille, ainsi que sa filiation. Akizuki était un homme de grande réputation autrefois, il aurait bien aimé l'affronter celui-là d'ailleurs, mais il n'en a jamais eu l'occasion, tout comme une autre personne qu'il connaissait et rêvait de vaincre, il était allé se faire tuer par Yamigumo, à croire que c'était le destin des grands hommes. C'était un peu triste et stupide... En tant que fille d'un shogun, la Tsukiyo méritait un minimum de respect, ne serait-ce que par égard pour l'âme d'un guerrier.

"Je suis un vagabond, donc je voyage..."

Mais pourquoi cette région plus qu'une autre? Oh... il avait espéré trouver des gens courageux et énergiques mais finalement, il n'en restait plus beaucoup, tout juste une poignée, les autres, c'étaient tous des lâches, prêts à sacrifier des vierges et des enfants pour leur survie, pire que des insectes en somme.

"Je suis plus particulièrement intéressé par les guerriers que je pourrais rencontrer sur ma route que par la région dans laquelle je me trouve à vrai dire."

Le kansen pencha légèrement la tête de côté, lui donnant un air plus stupide qu'il ne l'était vraiment, observant l'animal sur lequel était perchée la jeune femme. C'était un beau cheval mais il était étrange... bref... un cheval étranger. Curieux. Il ne pensait pas qu'il existait encore assez de gens dans cette région capables de se payer ce genre de fantaisies... enfin bon.

"Comment s'appelle t'il?" Demanda t'il à Tatsuki-san en parlant du cheval.

[first post]

La matinée était belle, le ciel était clair et lumineux, la forêt respirait la tranquillité. Le bruissement du vent dans les branches, le récit d’un oiseau s’élevant d’un arbre un peu plus loin. On aurait presque pu croire à la normalité des lieux, presque…

Mais aujourd’hui, le démon araignée arpentait la forêt seul comme chaque année à cette date. Il n’était armé que d’une bouteille de sake. Une aubaine sans doute pour quiconque voulait l’affronter… Enfin non, sans doute pas, car le bakemono serait sans doute furieux de se retrouver ennuyé par un de ces petits moucherons en quête de gloire éternelle. Mais alors qu’il s’enfonçait dans la forêt, il entendit du bruit ou plutôt une conversation…

Plus loin, deux personnes, les deux acteurs de cette futur rencontre fortuite en ce lieu si paisible. Paisible ? Pour combien de temps encore ? Allait il se présenter à eux sous sa forme actuelle ou allait il opter pour une transformation ? Et si il y avait transformation, se présenterait il sous les traits d’un homme, d’un animal, d’un enfant peut être ? Oui… Un enfant innocent parti se rendre sur la tombe de ses parents… Un enfant avec du saké ? Mmmmh… non. Un adolescent, dans ce cas son apparence actuelle ferait bien l’affaire. Il était parfaitement au courant qu’il arborait constamment une apparence juvénile que l’on pouvait aussi qualifier d’androgyne. Il se contenterait donc de dissimuler son œil abîmé, ce qu’il fit dans l’instant.

Le vagabond sentirait sans doute son côté inhumain, tout comme lui sentait le côté yokai de l’homme. L’attaquerait il pour autant ? Peut être bien. Mais il était temps d’entrer en scène : la monture de la femme, insignifiant insecte à ses yeux, devait ressentir sa présence car l’animal semblait nerveux. Sentait il encore la mort malgré ses ablutions de la matinée ? C’était possible.

L’akuma entra dans la clairière d’un pas posé, dans un silence absolu. Pourtant il ne se dissimulait pas, son désir n’était pas de les surprendre. Il avait les pieds nus, ses longs cheveux noirs traînaient derrière lui et c’est d’un sourire avenant qu’il leur souhaita le bonjour.

« Ohayoo gozaimasu… Que d’agitation en ces lieux paisibles aujourd’hui. »

[Bon et bien je vais répondre alors...]

Avant que la jeune femme n'ait pu lui donner la moindre réponse, une tierce personne s'approcha d'eux et leur souhaita le bonjour... étrange adolescent que voilà... pieds nus et cheveux trainant au sol. D'habitude, seules les geishas se permettaient d'aussi longues chevelures, pour leur permettre d'arborer de savants chignons et des coiffures étriquées dans leurs maisons closes... mais un garçon n'avait pas besoin d'une si longue chevelure, ce qui était donc assez insolite.

Toujours aussi peu enclin à être poli, Kyoukujin laissa un temps de flottement après les salutations de l'adolescent, lui laissant le temps d'arriver à leur hauteur, ignorant consciemment les signes de nervosités de la monture près de lui.

"Ohayô..." Finit-il par répondre quand le jeune homme se trouva à quelques pas à peine.

De là où il était, il pouvait parfaitement sentir la faible odeur de mort qui entourait ce dernier...
Avec un sourire en coin, le kansen accompagna le garçon du regard.

"Que fais-tu ici, kosô*? Tu n'as donc pas assez de morts à visiter dans ta propre demeure?"

Un reniflement moqueur termina la phrase. Il savait que ce gamin n'était pas plus humain que lui. Par l'odeur pour commencer, par la démarche ensuite... et puis le regard trompait rarement... son regard était tout sauf jeune.

* "Gamin"

Après un bref salut de courtoisie, le yokai araignée s’avança doucement de quelques pas encore. Il dévisagea sans gène aucune l’homme lui faisant face. Une tignasse rouge… Cela lui rappelait vaguement quelque chose. Il l’avait peut être déjà aperçu quelque part… A moins qu’on ne lui ai parlé de lui ? Les deux possibilités se valaient, mais cela ne l’aida pas à se souvenir. Sans doute parce qu’il n’avait pas jugé son cas digne d’intérêt. C’est alors que le bakemono choisit d’ouvrir ce qui lui servait de bouche afin de déverser un flot de paroles arrogantes. Une arrogance qui lui rappelait vaguement quelqu’un aussi… Il en pencha la tête de côté.

« Je n’aime pas la compagnie des morts de ma demeure. Je trouve ceux ci bien trop ennuyeux… Mais je peux vous retourner la question. Chercheriez vous quelque adversaire à occire dans cet endroit si paisible ? »

Il jeta un coup d’œil à la femme.

« Mais peut être avez vous trouvé mieux à faire ? » lança –t-il d’un ton dédaigneux.

C’est à se moment là que le cheval, toujours plus nerveux, choisit d’hennir et de se cabrer. Quel animal stupide ! Yamigumo évita néanmoins lestement les coups de sabots projetés à l’aveugle par l’équidé. Mais il apparaissait clairement que si la cavalière ne mettait pas un terme à l’emportement de sa monture, il faudrait le faire à sa place et ce, de façon définitive.

Kyoukujin resta relativement calme tout le long du petit discours de l'autre yokai; par contre, quand la monture de la jeune femme commença à montrer des signes évidents de nervosité et tenta de botter la vicieuse petite canaille d'en face, le kansen se sentit obligé d'intervenir, ne fut-ce que pour la bête, avant qu'elle ne finisse en pot-au-feu. Il attrapa la bride d'Aya et força le cheval à revenir au sol avant de lui asséner une bonne claque sur l'arrière-train pour le faire détaler en avant. Il ne restait plus qu'à espérer pour sa cavalière qu'elle tenait bien en selle, sinon... dommage.

Kyou regarda alors son vis-à-vis droit dans les yeux, un petit sourire en coin naissant. Pourquoi prendre l'apparence d'un adolescent sans défense? C'était ce qu'il appelait de la triche... Enfin bon, tous les yokai; en particulier les yokai métamorphes, étaient réputés pour leur sournoiserie en critères humains, il n'était pas dépaysé de toutes façons.

" Je m'appelle Kyoukujin, pourrais-je savoir à quel genre de gamin irrespectueux j'ai affaire?"

La femme était parti, plutôt contre son gré, avec cet affreux canasson agressif. Ce n’était pas plus mal. Au moins il serait un peu plus au calme désormais. Il se concentra sur le yokai qui lui faisait face. Arrogance, toujours, toujours, toujours cette arrogance vaine ! Mais le roux semblait s’amuser de cela, il était bien le seul d’ailleurs. Mais bon… Peut être devrait il entrer dans son jeu, peut être pas…

« Kyoukujin… J’ai déjà entendu ce nom il me semble… »

Yami fit mine de réfléchir un instant, faisant une petite moue par la même occasion.

« Tu n’as pas très bonne réputation il me semble, mais elle est toujours meilleur que la mienne je suppose. »
Il marque de nouveau un temps de pause dans son petit discours, le fixant intensément. Il se demandait s’il devait lui dévoiler son identité immédiatement ou non. De toutes façons, il y avait peu de chance maintenant que l’autre le laisse partir sans l’affronter.

« Le gamin irrespectueux ne serait il pas toi plutôt ? Mais qu’importe, si tu veux tout savoir on m’appelle Yamigumo. Comptes tu m’affronter maintenant alors que je ne suis armé que de cette bouteille de sake ? »

Comme pour appuyer son propos, il exhiba la dite bouteille.

« Mais peut être préfèrerais tu en partager le contenu ? Vois tu, si tu dois faire un choix, fais le vite je ne suis pas très patient. »

Et le bakemono resta là, dans l’attente d’une attaque plus que probable maintenant que son identité était entièrement dévoilé. Il était néanmoins loin d’être sans défense et se tenait près à esquiver toutes attaques.

Kyoukujin plissa les yeux et fronça légèrement le nez dans une mimique dégoutée quand le youkai finit par dévoiler son identité, aussi arrogant qu'un chien de noble en train de ronger un os. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien lui importer sa réputation? Il n'y avait jamais pris la moindre attention jusqu'à présent, ce n'est pas aujourd'hui qu'il allait commencer... mais que cette vermine à huit pattes le traite LUI de gamin... c'était fort quand même. Il avait certes vécu deux vies, mais il avait presque 300 ans, ce n'était plus un simple vermisseau qui allait pleurer dans les jupes de sa mère à la moindre contrariété non plus... et à propos de contrariété...

"- Ineptie! C'est un véritable déshonneur de se promener sans arme pour un guerrier!"

Un ton lourd de reproches, sans équivoque possible. Le kansen était énervé, frustré. D'un geste ample, il défit le noeud qui retenait son sabre attaché à sa ceinture et le planta, avec le fourreau, dans le sol comme si il enfonçait un couteau dans du beurre frais, le regard rivé dans celui du yokai.

"- Plus personne ne passera sur cette route tant que tu ne seras pas allé chercher ton arme et revenu pour m'affronter."

La moue boudeuse, l'homme aux cheveux rouges fronça les sourcils et croisa les bras d'un air décidé. Qu'il essaye donc de passer, il se battrait à mains nues et le repousserait, ça lui ferait les pieds à ce gringalet qui se prenait pour la huitième merveille du monde. Et puis, un guerrier digne de ce nom ne refusait jamais d'ultimatum, surtout de ce type-là; car ça signifierait aux yeux du monde qu'il était un lâche...

Le yokai souri brièvement devant la réaction du guerrier. Il le laissait aller chercher une arme ? Il bloquait la route ? Grand bien lui fasse, il ne comptait pas passer par là puisse qu’il allait dans la direction opposée. Il lui lança un regard perçant avant de rebrousser chemin. Cependant il marqua une halte.

« Tu es amusant… Soit ! Je reviendrai t’affronter une fois fait ce que j’ai à faire. »

Et sans plus un mot, il repris son petit bonhomme de chemin. Il s’enfonça dans l’épaisse foret, au plus profond de celle ci. Il se rendit dans un coin qu’il connaissait bien pour y avoir vécu un certains temps. Il se dirigea vers une petit clairière au centre de laquelle s’élevait un petit tumulus. A bien y regarder il ne s’agissait pas d’un tumulus, mais plutôt d’un amoncellement de pierres moussues et recouvert de fougères par endroit. Le démon araignée s’approcha de la tombe et se recueillit un long moment devant celle ci. Il fit offrande de son saké et brûla plusieurs bâtonnets d’encens. La clairière était tout à fait calme, on entendait seulement le bruissement du vent dans les feuilles. Nul trace de chant d’oiseaux, un endroit mort et au combien vert pourtant.
Passé plusieurs ainsi à méditer et prier, il repartit en direction de Kyoukujin. Celui ci l’attendait encore. Il était visiblement déterminé à en découdre. Bien, cela l’aurait ennuyer de voir l’autre faire preuve de peu de volonté. Il s’avança au devant de celui ci. Il ne camouflait plus son œil, mais son apparence général ne semblait guère différente de précédemment. Et il n’avait pas plus d’arme que tantôt. Il pensait bien agacer son adversaire ainsi.

« Me revoila comme promis. Alors, souhaites tu toujours te battre ? »

Il fit quelques pas, commençant ainsi à tourner autour de son adversaire tel un requin. Ses longs cheveux noirs s’étaient déployés, rampant sur le sol et formant déjà des entrelacs entre les buissons et les arbres alentours.

« Bien sûr que tu le souhaites, sinon pourquoi serais tu encore là ? Bien ! Alors commençons.» ^___^
Il le salua et d’un geste ample, lui désigna qu’il attendait son attaque. Ses ongles plus longs que quelques secondes auparavant, semblaient aussi plus solides et acérés. Il regretta de n’avoir pas pris un kimono moins encombrant, mais il allait devoir faire avec.